08 août 2011

Quelques belles images de la forêt de Tijuca...et la Casa das Canoas

Désolé de faire enrager mes lecteurs de France, mais cet hiver (!) carioca est en tout point délicieux en ce qui concerne la météo. Ce week-end en fut la plus parfaite illustration, avec un ciel bleu azur et une agréable température d'une trentaine de degrés. L'occasion de partir se balader en famille sur les routes escarpées du fameux  Parc de Tijuca, considéré comme la plus grande forêt urbaine au monde -c'est évidemment ce qui fait la magie de Rio, cet enchevêtrement permanent d'habitations, de verdure flamboyante et de mer (pas toujours cristalline, j'en conviens ;).

En voiture donc pour cette petite balade, qui comptera au total quatre arrêts :

# La Vista Chinesa ("vue chinoise", en raison du petit édifice en forme de pagode qui s'y dresse) et son point de vue formidable sur la Zona Sul de Rio : c'est l'un des rares endroits où l'on peut embrasser d'un seul coup d'oeil le Corcovado et le Pain de Sucre, les deux "cartes postales" les plus célèbres de la ville merveilleuse ;

# La Mesa do Imperador ("table de l'empereur"), appelée ainsi car l'empereur du Brésil Dom Pedro II y avait établi ses quartiers d'été, quand la chaleur tropicale harassait le centre-ville (il y fait en effet beaucoup plus doux, du haut de ses quasi 500 mètres d'altitude) ;

# Le Mirante das Canoas, sur la route du même nom, qui offre une très beau point de vue sur la Pedra da Gavea et le quartier de São Conrado.

# Enfin, la Casa das Canoas, située un peu au-dessus du Mirante pré-cité, précisement au n°2310 de l'estrada das Canoas, est une très belle demeure (quoiqu'un peu "rouillée" par des années d'entretien erratique) conçue par le grand architecte brésilien Oscar Niemeyer, dans laquelle ce dernier a habité entre 1952 et 1961, avant qu'il ne parte loger dans Brasilia la nouvelle -au sein de laquelle nombre d'édifices portent sa patte, voir le post que je vous ai proposé l'année dernière sur la capitale du Brésil. José, le fidèle concierge (qui y travaille depuis 38 ans) vous y accueille de manière très informelle (ne pas hésiter à sonner et à demander à visiter la maison -moyennant une petite propina de 10 R$ par personne, tout de même...), et l'on tombe au gré du petit tour dans la demeure sur de nombreuses maquettes de projets réalisés par le maître dont certains ont vu le jour (la Cathédrale Métropolitaine de Brasilia) et d'autres non (la Tour d'Embratel, qui devait se dresser sur un morro de la forêt de Tijuca, pour "répondre" au Christ Rédempteur, mais qui a été enterré pour ne pas concurrencer le Seigneur du Corcovado...).

Vue depuis la Vista Chinesa, un peu embrumée...
Vista Chinesa, en vo :)
Mesa do Imperador
Vue depuis la Mesa do Imperador
La Pedra da Gavea depuis le Mirante das Canoas
Vue extérieure de la Casa das Canoas... 
...et vue intérieure
Maquette de la Cathédrale Métropolitaine de Brasilia
Maquette de la Tour d'Embratel
Deux heures de petit tour, un déjeuner en suivant au Couve-Flor, l'un des meilleurs restaurants au kilo de Rio situé tout près du Jardim Botânico, bref un excellent demi-samedi !

05 août 2011

Concert de l'Octopus Brass Band, en soutien à Terr'Ativa

Je vous ai déjà entretenu voici quelques semaines du travail remarquable qu'effectue l'ONG franco-brésilienne Terr'Ativa au service des enfants (et des parents) de la communauté du morro do Fuba, dans le quartier de Cascadura, à Rio, dans des conditions difficiles (peu de moyens, un quartier encore non pacifié -en témoignent les récentes escarmouches entre les traficants et la milice, qui domine le morro), sans oublier le drame qu'a vécu l'organisation en février 2007 avec le lâche assassinat de trois de leurs membres, dont la fondatrice de l'ONG, Delphine Douyère.



Terr'Ativa est parvenue à surmonter ces difficultés et fête aujourd'hui ses douze ans d'existence à Rio. Pour fêter dignement cet anniversaire, un concert exceptionnel de la fanfare française Octopus Brass Band (qui appartient au réseau "Fanfares sans frontières") sera donné ce mardi 9 août à 19h00 au sein du Théâtre de la Maison de France (PSA Peugeot-Citroën, permettez ! ;), avec les participations spéciales du sambista Aleh Ferreira, de l'Orquestra Voadora et de nombreux enfants du Morro do Fuba !

Ci-dessous un petit extrait du concert de rue de l'Octopus Brass Band dans les rues de Lapa voici quelques jours !


L'intégralité de la recette sera reversée à Terr'Ativa, pour poursuivre et intensifier ses actions en faveur de la communauté de Fuba. Venez donc nombreux à l'évènement !


# TEATRO MAISON DE FRANCE :  Avenida Presidente Antonio Carlos, 58 - Castelo / Centro – Rio de Janeiro
- Prix des billets en achat anticipé : 30 R$ 
par téléphone au (21) 4003-2330 ou à la billetterie du théâtre tous les jours de 14h00 à 19h00; 50 R$ sur le site Ingresso.com
- Prix des billets le jour du concert : 50 R$. 

01 août 2011

Coupe du Monde 2014 : ça sent le pâté...

A un peu plus de 1000 jours du début de la XXème Coupe du Monde de Football de l'Histoire, qui aura lieu dans le pays 5 fois champion du monde de ce noble (?) sport, en l'occurence le Brésil, le tableau que l'on peut dresser des préparatifs de celle-ci est des plus sombres...

En voici la preuve en 4 points :

# Les stades sont à des années-lumière d'être prêts à accueillir la compétition :  sur les 12 arènes qui doivent accueillir la Coupe en 2014, seuls trois d'entre elles respectent le calendrier initial des travaux qui leur avait été imparti. Plusieurs ont vu leurs travaux être repoussés (ou même interrompus, dans le cas du stade de Porto Alegre) pour des recours en justice liés à d'appel d'offres pas toujours transparents, et trois d'entre eux (les stades de Natal, de Curitiba et de São Paulo) en sont encore seulement au stade de projet, ou quasi, près de quatre ans (!) après la décision de la FIFA d'attribuer la Coupe du Monde au Brésil. La situation à São Paulo est la plus ubuesque, où, après de nombreuses tergiversations et interventions politiques (dont celle, décisive, de l'ex-président -et corintiano- Lula), il a décidé de ne pas réformer le pourtant très beau stade du Morumbi, pour environ 200 millions de reais, mais de construire ex-nihilo une nouvelle arène dans le quartier paumé d'Itaquera, qui deviendra le stade résident des Corinthians, le tout pour la modique somme de...1 milliard de reais (financé à 80% par des fonds publics, cela va sans dire) !

Les stades et les villes en 2014 (cliquer pour agrandir)

# Les infrastructures de transports sont encore très sous-dimensionnées : si l'état d'avancement des stades inquiète jusqu'au plus ardent des supporters de la Seleção, que dire des transports, et en particulier des aéroports, qui, dans 8 villes d'accueil sur 12, fonctionnent déjà bien au-delà de leur capacité théorique -il en résulte de nombreux retards, en particulier aux aéroports -saturés- de Guarulhos (São Paulo) et Galeão (Rio de Janeiro). Les travaux d'extension prennent un temps fou, à telle enseigne que la présidente Dilma elle-même a convoqué voici un mois une réunion interministérielle spécialement dédiée au sujet, où il a été décidé de privatiser la gestion des trois plus importants aéroports du pays (les deux premiers cités, et celui de Brasilia), dans l'espoir d'agréger de nouvelles ressources et d'accélérer le processus de réformes. Une autre crainte (plus que fondée dans le cas de la ville de Rio) est l'insuffisance des transports urbains dans de nombreuses villes, et quasiment rien n'a été entrepris pour l'instant pour améliorer la situation. Les supporters en 2014 devront sans aucun doute s'armer de la plus grande des patiences...

Files d'attente a l'aéroport de Guarulhos (SP) : vous avez dit bazar ? ;)

# La CBF et son président Ricardo Teixeira sont très contestés : la CBF, c'est la Confédération Brésilienne de Football, l'équivalent de la FFF. Ricardo Teixeira, c'est son tout-puissant et polémique président, et ce depuis...1989, sans discontinuer ! Cette hégémonie à la tête du sport national lui a permis de se construire un réseau politico-économique de premier ordre, lui donnant un statut de quasi intouchable dans le pays, et ce malgré les innombrables malversations dont il aurait été l'auteur tout au long de son règne à la tête de la CBF. Chose hallucinante, il est même parvenu à faire du Comité Local d'Organisation de la Coupe du Monde (le COL) une société dont il est le seul actionnaire physique, et pourrait ainsi en pratique empocher personnellement l'intégralité des bénéfices que générera le COL ! Face à de telles pratiques, les amateurs de football (et les autres) se révoltent enfin : un Front National des Supporters s'est constitué, et mène actuellement une campagne intense (plus de 300.000 tweets en une semaine du hashtag #ForaRicardoTeixeira sur Twitter, par exemple) pour discréditer Teixeira, et demander aux députés d'ouvrir une enquête sur les pratiques de la CBF. Je doute que cela soit suffisant pour débouler celui qui vient, dans une subtile pirouette, de traiter les médias anglais de "corrompus" (en référence à l'attribution polémique de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, où les anglais ont pourtant été superbement floués par la FIFA -dont Teixeira est un éminent représentant), malgré les nombreuses inimitiés qu'il s'est créées (au hasard au Brésil Pelé, Romario, Ronaldo...). Quoi qu'il en soit, ambiance très pesante...

Teixeira en dictateur jouant avec les bénéfices du COL...

# La Seleção est aux abonnés absents : peut-être finalement la pire des nouvelles pour les 190 millions de torcedores (supporters) brésiliens, l'équipe nationale vit l'une des pires phases de son histoire : après l'ère Dunga qui s'est soldée par un retentissant échec au Mondial 2010 (et une élimination en 1/4 de finales par les Pays-Bas), l'espoir était revenu avec la nomination d'un entraîneur porté vers l'offensive (Mano Menezes) et l'éclosion de jeunes pépites telles Neymar ou Ganso. Mais la Copa America 2011, qui vient de s'achever sur la piteuse élimination du Brésil, de nouveau en 1/4 de finales face au modeste Paraguay, a douché les espoirs des plus fervents supporters : absence de fonds de jeu, niveau technique indigne de la Seleção, prétendus leaders -Julio Cesar, Lucio, Elano...- en méforme, choix tactiques contestés, le tableau est très sombre pour le Pentacampeão, tellement sombre que l'immense majorité des brésiliens, récemment interrogés par le newsmagazine Veja, parient sur un autre vainqueur que le pays-hôte en 2014 (à 83% !). Comment dans ces conditions laver l'affront subi en 1950, lorsqu'en plein Maracanã, le petit Uruguay battit à la surprise générale le Brésil en finale de la première Coupe du Monde jouée sur la terre de Pelé ?

Neymar : c'est la coupe le problème ? 

Bien sûr, il reste encore trois ans pleins au Brésil pour faire de "leur" Coupe du Monde une gigantesque fête réussie, mais il ne va pas falloir trop lambiner en cours de route maintenant : le compte à rebours est lancé, et il ne faudrait pas que les mauvaise augures qui tournoient autour de l'embryon "Copa do Mundo 2014" accouchent d'un bébé en phase avec les prémonitions pessimistes de la grande majorité de la population : toujours selon Veja, la Coupe du Monde rime plus pour l'instant avec "corruption" et "mauvaise image" qu'avec "football champagne" !

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