26 novembre 2009

Propreté de Rio : les cariocas sont-ils des porcs ?

Deux grands débats ces jours-ci dans l'actualité carioca : les problèmes de fourniture d'électricité dans divers quartiers de la ville, provoquant de nombreuses coupures de courant (j'aurai certainement l'occasion d'y revenir dans un prochain post), et le manque de propreté de la ville, alimenté par un civisme des habitants supposé aléatoire en la matière...

Il faut avouer que la Cidade Maravilhosa -ville merveilleuse- ne mérite pas vraiment son appellation, quand, à l'issue d'une longue journée estivale où le soleil s'est fait ardent, vous vous promenez sur la plage (la pointe d'Arpoador et Ipanema en particulier) et que vous en êtes réduit à slalomer entre les tonnes d'immondices (noix de coco, canettes de bières ou de coca, bouteilles plastiques, journaux, pailles...) qui se sont accumulées...Ci-dessous une photo qui ne reflète que très partiellement la vision d'horreur et le sentiment de tristesse qui vous envahit quand vous arpentez le sable blond des plages de Rio...



Le problème, récurrent il est vrai, vient d'être sévèrement pointé du doigt par Eduardo Paes, le maire de Rio : celui-ci a ainsi déclaré qu'il allait mener un combat encore plus intense contre la "saleté publique", en proposant un indicateur de quantités de déchets jetés par les cariocas dans chaque quartier de Rio. Celui-ci répondra au doux nom de "Lixometro" ("poubellemètre"), et a également pour objectif de mettre les habitants face à leur responsabilité de "pollueurs de rue" : ainsi, chaque week-end en haute saison, près de 300 tonnes (!) de déchets sont collectés par les services publics (l'efficace Comlurb) sur les 56 kilomètres de plage de Rio. Tant et si bien que le maire, décidément en verve, a déclaré qu'il fallait que "les habitants soient un peu moins des porcs et arrêtent de jeter des choses sur les plages et dans les rues de Rio" ! (Presque) plus fort  encore, Paes vient d'annoncer qu'il allait ordonner à la Comlurb de ne pas nettoyer les plages un dimanche de grand beau temps, à une date surprise, afin que les gens se rendent compte du degré de saleté atteint ! Et le maire de promettre de reproduire le test dans l'avenue Rio Branco (l'une des plus grandes avenues du centre-ville, nettoyée...5 fois par jour).

Ses prises de position, délibérement polémiques, ont eu le mérite de rouvrir le débat sur le sujet, et force est de constater que les cariocas reconnaissent qu'ils sont -collectivement- loin d'être parfaits en la matière : selon une étude récente, 83% d'entre eux estiment que les habitants "pourraient contribuer à la propreté des plages, en évitant de les salir"...ce qui semble un truisme, mais la conscience de ce fait pourrait être un premier pas vers plus de civisme ! A condition toutefois que cette critique ne s'applique pas qu'aux autres (sur le thème "je déplore la saleté, mais c'est mon voisin qui pollue"), mais aussi que les autorités (tiens, monsieur le maire) mettent à disposition, sur la plage, dans les rues, un nombre beaucoup plus important de poubelles, aux messages explicites (par exemple, pour reprendre le vocabulaire du maire "si vous ne jetez pas votre noix de coco ici, vous êtes un porc"). Et commencent également à faire appliquer la loi, qui n'autorise pas de jeter des déchets sur la voie publique, ni par ailleurs à laisser les chiens se promener sur les plages de la ville -autre sujet polémique ! Allez amis des postos, venez verbaliser ou faire des remontrances, ce sera un bon début ! En attendant, je vais éviter la plage le jour du blitz promis par le maire...

24 novembre 2009

Les hauts et les bas des indicateurs socio-économiques de Rio

Excellent papier ce lundi dans O Globo, avec le compte-rendu d'une étude inédite produite à partir des données de la PNAD (l'équivalent de notre CREDOC), et qui met en perspective les indicateurs socio-économiques clés de l'Etat de Rio (le 3ème plus peuplé du pays) face aux chiffres-clés du pays.

Les résultats sont pour le moins contrastés en fonction des indicateurs, Rio brillant en matière de revenus et de niveau d'éducation, par exemple, mais étant à la traîne sur les sujets de la violence urbaine et de l'assainissement des eaux.

Ainsi, Rio est seulement le 18ème état du pays -sur 27- en matière de fournitures d'eau à domicile ("seulement" 89% des domiciles sont équipés d'arrivées d'eau), et est également loin en matière de collecte des déchets (au 15ème rang seulement, avec 90% des foyers faisant l'objet d'une collecte). Autre point noir, la mortalité, où Rio se situe au 25ème rang du pays, avec 7,35 décès pour 100.000 habitants, où le double effet violence urbaine et conditions sanitaires insuffisantes joue à plein...en négatif. Plus surprenant en revanche, Rio détient la couronne nationale du...plus faible taux de natalité du pays, avec seulement 1,54 enfants par femme, très en-deçà de la moyenne nationale (1,89 enfants en 2008 - moins que le taux de natalité français, à 2,02 enfants !), elle-même aujourd'hui insuffisante pour assurer le renouvellement des générations...

Il existe néanmoins des domaines ou Rio sur-performe vs le pays, et c'est heureux ! En matière d'éducation, Rio obtient ainsi la 2ème place pour ce qui est du pourcentage de population adulte avec plus de 11 ans d'études : cela concerne 44% des plus de 25 ans, contre 35% en moyenne pour l'ensemble du Brésil. Belle performance également pour ce qui concerne la richesse (ou la non-pauvreté, devrait-on plutôt dire), puisque Rio est le 5ème état le "moins pauvre", avec "seulement" 14% de ses foyers qui vivent avec moins de la moitié du salaire minimum (490 R$ par mois), contre une moyenne nationale s'établissant à 23%. Pas de quoi non plus festoyer démesurément...

Ci-dessous le tableau plus détaillé des indicateurs-clés tel que présenté dans le journal (merci O Globo ;)

Pour plus d'informations, vous trouverez ici l'étude complète (la fameuse PNAD), produite par l'IBGE, l'INSEE brésilien) - en portugais bien sûr ! :)

17 novembre 2009

Encore un record en octobre pour l'économie brésilienne !

Etonnante économie brésilienne ! Un mois après avoir annoncé le plus faible taux de chômage officiel depuis 2002, voici que l'on apprend aujourd'hui que le pays vient de vivre le meilleur mois de son histoire en matière de créations d'emploi ! Ainsi, poussé par le secteur industriel, le marché "formel" de l'emploi a enregistré en octobre 2009 un solde positif (soit la différence entre les nouveaux contrats et les licenciements) de plus de 230.000 postes, soit plus de 3 fois le solde du résultat d'octobre 2008. Autant dire que l'économie brésilienne est repartie pied au plancher, et ce dès le 2ème trimestre de cette année, laissant de côté les cassandres promettant des jours difficiles à ce futur géant (si ce n'est à ce géant -déjà- d'aujourd'hui). L'industrie donc, porte le marché de l'emploi, avec près de 75.000 emplois nets créés, suivis des services (70.000 postes), puis le commerce-distribution (68.000 emplois). Définitivement impressionnant...

09 novembre 2009

Rio crack, Rio gay, travail des enfants au Brésil...

Sans autre lien que le calendrier, quelques informations pour le moins...contrastées dans la presse ces derniers jours :

- Le crack, terrible drogue aux effets dévastateurs, prend chaque jour une place plus importante dans le "paysage" de la dope carioca : il est en effet estimé qu'il s'agit maintenant de la drogue la plus consommée à Rio (près de 60% des drug-addicts seraient en 2009 des crackers), "détrônant" pour la première fois la reine cocaïne. Le crack est particulièrement présent chez les jeunes de moins de 21 ans, issus plutôt des milieux défavorisés. Et il est vrai qu'il n'est pas rare de croiser, étendus dans le rues, des gamins complètement défoncés, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, en train de "cuver" les effets du crack...Et ce fait divers, terrible, la semaine dernière : une jeune fille de 18 ans, étranglée sauvagement par un artiste de 26 ans, issu pour le coup d'un milieu huppé, ce dernier se trouvant sous l'effet conjugué de l'alcool et du crack...

- Plus...gai, si je puis me permettre ce faible jeu de mots, Rio vient d'être élue...meilleure destination gay du monde, se permettant de coiffer des métropoles du "premier monde" comme Barcelone, Londres, Montréal et Sydney ! Ce "titre" lui a été décernée par la chaîne gay Logo (filiale de MTV) et le site tripoutgaytravel.com, la référence en matière de destination "gay friendly" ! Et le site d'indiquer les hot spots gays de la cité, avec bien entendu la rue Farme de Amoedo (à Ipanema), le posto 8 sur Ipa (et ses beaux drapeaux colorés), les rues interlopes et noctambules de Lapa...S'il faut féliciter Rio pour cette élection (une de plus, quelle hype pour la ville !), celle-ci me semble très honnêtement un peu abusive, car on ne peut pas dire que le carioca type soit particulièrement ouvert  à l'acceptation de l'homosexualité...Beaucoup de préjugés encore, dans une société qui reste assez machiste, même si dans ce domaine comme dans de nombreux autres, l'évolution des moeurs se fait me semble t-il de manière accélérée ! Mais bon, amis gays, ne boudez-pas votre plaisir, Rio reste fantastique pour sortir, se baigner, faire la fête, aimer !!

- Toute autre chose, encore, une information en elle-même pleine de contrastes : une récente étude du très sérieux IPEA montre que le Brésil est en train de très sensiblement réduire un terrible fléau, le travail des enfants, et ce à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Ainsi, le pourcentage des enfants de 5 à 14 ans qui travaillent est passé en 16 ans de 13% à 5% du total, soit plus de 3 millions d'enfants en moins qui sont exploités. Le revers de la médaille, c'est que même ainsi, il reste aujourd'hui encore plus de 1,7 millions d'enfants et d'adolescents qui travaillent...Mais l'étude est optimiste, et prévoit ainsi que dans les 2 ans, le travail des petits de 5 à 9 ans sera complètement erradiqué. Que souhaiter de mieux ?

02 novembre 2009

Week-end prolongé à Ilha Grande, que beleza !

Profitant de la venue de ma charmante belle-soeur et de ses deux amours d'enfants (Kimo et Zoé), nous voici partis pour un grand week-end (du jeudi 29 octobre au lundi 2 novembre) à la découverte d'Ilha Grande. Comme son nom l'indique, et quitte à lapalisser, il s'agit...d'une grande et magnifique île de près de 200 km², situé sur la Costa Verde, en face d'Angra dos Reis, à 150 kilomètres au sud de Rio. Pour s'y rendre, le meilleur plan est sans conteste de prendre un saveiro (l'un de ces beaux bateaux rétro qui font la traversée continent-île) depuis le petit port de Conceição do Jacarei, qui vous amène en 50 mn vers le village d'Abraão, "capitale" de l'île, et seul endroit un peu "civilisé" (entendre où l'on trouve force pousadas et restaurants !).
Pour notre part, nous avons réservé pour les 4 nuits chez Asalem, une délicieuse pousada située à 5 mn de bateau (et 20 mn à pied par une jolie et un poil sportive trilha -chemin), nichée au coeur de la forêt tropicale qui occupe près de 95% de la surface de l'île. Ilha Grande est en effet un site naturel protégé, où les voitures n'ont pas droit de cité, et où les structures hôtelières sont limitées en nombre et en taille.


La vue depuis la pousada est superbe (cf photo ci-contre), et prendre son petit-déjeuner (de très bonne facture) en face de la baie d'Abraão se révèle être un enchantement. Bien sûr la pousada est un poil escarpée et l'inquiétude est vive concernant une éventuelle chute "romanesque" (je parle de mon fils, le roi de la cascade et de l'ouverture de front!), mais le jeu finalement en vaut la chandelle, et le week-end se passera sans heurts (ouf)!


Dès vendredi matin, nous partons à la découverte de  ce qui est l'un summums de l'île, la merveilleuse plage de Lopes Mendes, réputée pour être l'une des 5 plus belles du Brésil, ce qui n'est pas peu dire. Petite virée en saveiro pour s'y rendre, puis 30 mn de trilha à travers la forêt, pour aboutir à une baie 2 kilomètres de long,  sauvage et préservée, au sable blanc, fin et délicieusement crissant, aux eaux limpides et aux vagues accueillantes. Nous y passons un après-midi de rêve, entre jeux de construction en sable pour les enfants, tentatives (quelque peu avortées) de surf pour Nathalie, et baignades tranquilles dans ces eaux enchanteresses pour moi. Quelques photos ci-dessous pour vous faire partager ces moments..



Samedi, on enchaîne les festivités "plagesques" avec une petite virée sur la délicieuse Praia Preta, qui tire son nom du sable...noir qui saupoudre la plage. Située à droite de la baie d'Abraão, on y accède tranquillement en 15 mns de balade après le village, et on y découvre une jolie rivière qui s'y jette (propice à de nombreux jeux d'eaux, les enfants ont adoré). Puis la balade se continue à travers la forêt, à la découverte d'un ancien aqueduc qui acheminait l'eau vers...un centre de quarantaine pour immigrés (un petit Ellis Island brésilien donc), aux allures de mini-bagne, où les candidats à la citoyenneté brésilienne devaient séjourner au début du XXème siècle avant d'éventuellement avoir le droit d'entrer dans la patrie tant désirée. Et l'on achève l'après-midi par une jolie baignade dans les eaux douces d'une mini-cascade, située sur les hauteurs de Praia Preta. Deux photos là-aussi pour illustrer mon propos !


Dimanche, encore une belle journée en perspective (le soleil ne nous ayant pas quitté durant les 4 jours, ce qui semble être une performance dans une région aussi humide que la Costa Verde !), puisque nous louons (avec nos amis Alexis et Fabrice) un petit bateau pour nous rendre au nord-est de l'île, dans un premier temps au sein de la baie dite du Saco do Ceu (le "sac du ciel"), où nous barbotons au milieu de quelques yachts de milliardaires cariocas et/ou (plus vraisemblablement) paulistas, puis nous poursuivons notre (longue...) traversée jusqu'à ce qui devait être le clou de la journée, mais qui se révèle être plutôt un piège à touristes (dont nous), en l'occurence le Lagoa Azul. Les eaux limpides et la richesse de la faune et de la flore sous-marine qui nous avaient été "vendus" sont envahis par une impressionnante foule de yachts et de saveiros, qui déversent leurs hordes de baigneurs et de plongeurs dans la baie ! Plan un poil loose donc, même si on imagine que le lieu doit être sympathique un jour de milieu de semaine, mais certes pas un dimanche après-midi de très beau temps, qui plus est lors d'un week-end de feriado !  Tiens, j'en profite plutôt pour poster une petite photo d'un de ces fameux saveiros !

On se rattrape néanmoins le soir même, en dînant tous ensemble chez Lua e Mar, certainement l'un des meilleurs restaurants de l'île, situé sur la plage d'Abraão, qui sert en particulier une délicieuse moqueca de crevettes !

Lundi, petite matinée tranquille à la plage attenante à la pousada, petites balades en canoé pour le plus grand plaisir des enfants, et retour à Rio via Conceição, non sans subir quelques bouchons sur la route Angra-Rio (dont les travaux semblent structurels !). Un bien beau week-end, une Ilha Grande fidèle à sa réputation, un rendez-vous incontournable pour tous les visiteurs de Rio amateurs de plages, farniente et forêt tropicale !

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